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Moutarde et Macaron
12 août 2015

Ea(s)t Mamma

Dans son dernier livre, Raphaël Enthoven explique (oui, ce n'est pas parce que la torpeur du mois d'août vous envahit qu'il faut laisser votre cerveau ramollir aussi vite qu'une glace au soleil) que le snobisme "consiste à s'attacher corps et âme à un préjugé dont on sait qu'il est un préjugé".
Pour être plus concret, c'est s'extasier devant une oeuvre d'art non pas parce qu'on l'apprécie réellement mais parce que "l'artiste est tendance", c'est porter des UGG par 38° non pas parce qu'on a réellement froid aux pieds mais parce que "c'est les magazines qui le disent" ou c'est boire du Spritz alors qu'on préfère le rosé parce que le premier a été désigné nouvelle boisson de l'été.

En bref (et parce que ce billet n'est pas non plus une dissertation de philo), si tout le monde a une propension à être snob, il faut bien reconnaître que ce penchant est particulièrement surdéveloppé chez le specimen porteur du gêne parisien qui, presque par nature, est snob.

Et comme les snobismes varient au fil des saisons, pour ne pas avoir râté sa vie en cet été 2015, il vous faudra : être allé au Portugal, avoir porté un panama Maison Michel, visité l'expo David Bowie à la Philharmonie, siroté un spritz sur un rooftop, shoppé dans la nouvelle boutique Ines de la Fressange, cuisiné un dessert sans sucre, fait vos courses alimentaires chez Maison Plisson ou ...mangé chez East Mamma.

Car East Mamma est LA nouvelle adresse parisienne où il faut avoir mangé au moins une fois cet été si on ne veut pas passer pour un gros has-been qui n'a rien compris à la vie.

east mamma 2     east mamma 3

Les ingrédients du succès

Aux commandes de East Mamma (et de sa petite soeur Ober Mamma), deux jeunes entrepreneurs, Victor Lugger et Tigrane Seydoux, vainqueurs en 2013 avec leur business plan du Grand Prix des Jeunes Créateurs de Commerce.
Avec un an de retard - l'ouverture était initialement prévue au printemps 2014 - tous les ingrédients du succès de cette "trattoria populaire" comme ils aiment à la désigner sont en place :
- un approvisionnement directement chez les producteurs en Italie et sans intermédiaire pour proposer des produits d'une qualité et d'une fraîcheur optimales à prix raisonnables
- la construction d'un véritable four à bois, devenu trop rare à Paris, pour retrouver le goût de la botte
- un chef et des pizzaïoli napolitains pour apporter une caution et un ancrage 100% rital au projet
- des serveurs et serveuses aimables, décontractés et à l'accent chantant pour insuffler immédiatement un air de dolce vita
- des photos des producteurs avec leurs produits (jambon, parmesan, basilic) façon publicité The Kooples pour positionner immédiatement le côté trendy
- aucune réservation possible (et donc de longues longues files d'attente) pour alimenter le buzz (pour l'anecdote, même le Michelin s'est cassé les dents dans la file !)

Les échos

Absolument, totalement et définitivement unanimes : de François-Régis Gaudry au - ô combien branché - Guide du Fooding en passant par Le Figaro Madame, My little Paris ou le plus traditionnnel blog de Gilles Pudlowski, tout le monde s'extasie devant la qualité des produits, l'ambiance chaleureuse "comme là-bas" et les prix doux.
Du systématisme des éloges de tout ce que compte la foodosphère trendy à la suspicion de snobisme, il n'y a qu'un pas ...

Le crash test

Autant vous dire que quand j'y suis allée, j'étais très très dubitative : est-ce que ce resto et surtout sa carte justifiaient vraiment ces minimum 45 minutes d'attente AVANT l'ouverture pour avoir une table ? Mais ça, c'était avant.

Pour y être déjà allée deux fois (oui, je sais, je frôle l'over-snobisme), je dois bien reconnaître qu'on voudrait détester (et s'épargner ainsi l'attente à chaque fois...) mais qu'on ne peut qu'apprécier : le cadre soigné et pas trop bruyant (alors que légèrement surbondé), la décontraction et le sourire des serveuses et serveurs et, surtout, les produits et recettes.

La carte offre aussi bien une sélection de charcuteries et fromages, que des pizza, pâtes et bruschetta en plat principal et des déclinaisons de tiramisu et d'autres propositions en dessert.

east mamma 1    east mamma 4

Avec ma légère petite tendance monomaniaque, j'ai pris à chaque fois en entrée la très rare stracciatella de burrata (dont je vous parlais déjà ici) : ultra-fraîche et avec de délicates notes lactées et acidulées, elle nous plonge directement dans le vif du sujet (la mortadelle à la pistache à côté est aussi apparemment délicieuse mais j'ai personnellement plus de mal à apprécier la qualité).
En plat, une pizza - cuite au feu de bois si vous avez bien suivi - ENORME (elle doit faire à peu près la longueur de mon avant-bras et de ma main et je n'ai pas une taille de liliputienne). Amatrice de pizza à la pâte un peu plus épaisse (notamment de la pizzeria dei cioppi située une rue plus loin), je craignais de trouver celle-ci trop fine ou croustillante. Mais une fois de plus, pas de snobisme ici, la pizza est purement et simplement très bonne : des ingrédients de top qualité évidemment, un bon goût légèrement fumé dû au mode de cuisson et surtout une pâte délicieuse à la fois fine au centre et moelleuse et épaisse comme du bon pain sur le rebord.
Les pâtes (que vous voyez légèrement au fond sur la photo) régalent aussi servies directement dans leur casserole en cuivre : très al dente et "rugueuses", elles accrochent merveillement bien la sauce parfumée et riche.
Pour les desserts, et c'est sans doute là le plus gros bémol pour moi, pas de glace (drame personnel !). Le tiramisu au citron - qui se rapproche finalement plus du cheesecake que du tiramisu traditionnel - peut offrir une dernière note sucrée à qui aurait encore un peu faim.

Autre point qu'il faut reconnaître à César : le rapport qualité/prix est quasiment imbattable : des produits top qualité, des portions très généreuses et des prix qui restent très doux pour Paris.

Le mot de la faim

Si on ne sait toujours pas pourquoi j'ai pas mangé mon père, on sait désormais pourquoi j'ai mangé (et je remangerai) ma mère !

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